Extrait :    Tu voulais des parents bien comme il faut, c'est-à-dire sans problèmes de quelque nature que ce soit. Vous voyez, lecteur, des parents qu'un gamin regarde comme la huitième merveille du monde, mais sans les cars pleins à craquer de Japonais avec des appareils photo dans les mains qui vous mitraillent. Tu as voulu avoir ces parents-là à peu de choses près. Pourtant, tes souhaits à leur encontre ont eu l'effet de pétards mouillés, car tu avais mis la barre trop haute. Tu dis ça sans méchanceté envers eux. Tu ne sais pas si, avec toi, ton père et ta mère ont eu la descendance méritée, en tout cas tu as essayé de marcher droit, en équilibre parfois sur une corde raide, un peu à la manière d'un funambule... Tu as aimé tes parents autant qu'il t'est possible d'aimer. Oui, durant ton enfance, tu as imaginé des éclats de rire en veux-tu en voilà. De la tendresse à revendre. Des envies de tout ce qui procure plaisirs et contentements. L'échantillonnage des distractions est vaste. Mais un beau jour, le vent a tourné. Ta maman est rentrée un peu plus dans sa coquille. Ton papa, lui, s'est éloigné du rivage sécurisant que représente son couple. Les amarres se sont rompues avant l'arrivée d'un ouragan fait homme dont tu as précédemment et succinctement parlé.